Suite à l’annonce par le Bourgmestre Vincent Scourneau lors du Conseil communal de ce 28 mars et à la conférence de presse du lendemain, les groupes politiques de la minorité brainoise soulignent la gravité de la situation et dénoncent les actes posés par le Collège et le Bourgmestre.
Nous avons appris par la presse l’intention du Collège de créer une « Maison de la Culture » sur les ruines du Centre culturel, sabordé, dont la nouvelle entité reprendrait les missions.
Une information, une fois de plus, sortie de nulle part. A l’image de l’offre d’emploi publiée début janvier alors qu’aucune dépense pour du personnel ne figurait au budget communal pourtant présenté à peine quelques semaines auparavant. Une offre d’emploi pour monter un futur service culturel communal qui allait co-exister avec le Centre culturel. Aujourd’hui, on ne parle plus de cohabitation, le Centre culturel et son équipe sont tout simplement liquidés.
Le Bourgmestre semble être entré dans une forme de surenchère dans ses effets d’annonce. Cherchant à chaque fois à convaincre que tout cela n’a rien d’une vengeance personnelle vis-à-vis du Centre culturel. Alors que ses réponses à chaque étape de la crise ont été émotionnelles, personnelles et finalement irrationnelles.
On ne peut s’empêcher de relever à quel point lundi soir le Bourgmestre semblait se réjouir de la mise à l’instruction du dossier par le Parquet : il allait pouvoir utiliser ce prétexte pour donner le coup fatal au Centre culturel avec qui les tensions se sont développées depuis des mois sans que le Bourgmestre ne marque jamais la moindre volonté d’apaisement.
Non-respect de la présomption d’innocence
Plus grave, comment le premier Magistrat de la Commune, avocat de surcroît, peut-il fouler aux pieds la présomption d’innocence, principe fondamental des droits de l’homme ?
Un mépris du droit doublé d’une véritable agression lorsque le Bourgmestre annonce que le Centre culturel est devenu « infréquentable » et qu’il est à présent « une tache pour la Commune de Braine-l’Alleud ». Ces propos relèvent du dérapage et ne peuvent être tolérés.
Ils interpellent autant que la « rupture de confiance » évoquée sans arrêt pour justifier la décision : parle-t-on de rupture de confiance avec la Direction ou l’équipe ? Il n’y a pour le moment qu’une directrice faisant fonction et l’équipe s’est renouvelée pour moitié à la suite de plusieurs départs. Il y avait l’occasion de reprendre les choses en mains, de retisser des liens, de rebâtir un projet. La majorité communale n’a donné aucun signe de vouloir le faire.
Parle-t-on de rupture de confiance avec le Conseil d’administration ? Celui-ci s’était divisé sur la lecture de la crise interne ayant conduit au licenciement de la Directrice, il s’était encore divisé sur la lecture des conclusions de l’audit mais au lieu d’essayer de sauver l’institution, l’Echevine de la Culture et les représentants de la majorité semblent avoir complètement perdu les pédales.
L’Echevine a semé la trouble en indiquant à plusieurs reprises que le subside 2021 ne serait peut-être pas payé, conduisant les représentants de la majorité à soutenir la procédure en référé lancée par le Centre culturel contre la Commune pour obtenir ce paiement, sous peine de liquidation de l’asbl.
Une fois le paiement obtenu, c’est une procédure de la Commune contre le Centre culturel qui est lancée auprès du Procureur du Roi à la suite d’une lecture résolument à charge des conclusions de l’audit. Et voilà les mêmes représentants de la majorité qui appliquent alors la politique de la chaise vide pendant des mois … pour pratiquer ensuite une abstention systématique depuis leur retour.
Incohérent et surtout irresponsable. Face aux invitations répétées au dialogue et à la relance du projet, sous des conditions de contrôle renforcées, le pouvoir communal n’a pas levé le petit doigt.
Un modèle du passé ?
Nous relevons dans les médias plusieurs propos exprimés par le Bourgmestre lors de sa conférence de presse : « Le Centre culturel est un outil du passé. C'est un modèle qui a 60 ans. Nous voulons avoir une tutelle exercée par des services apolitiques ».
Mais quoi de plus politique qu’un service communal culturel chapeauté par un.e Echevin.e de la Culture ? On croit rêver, c’est un véritable retour en arrière où la Culture est sous la tutelle directe du pouvoir exécutif local. C’est le modèle proposé par le Bourgmestre qui est dépassé.
« L’ordonnance rendue récemment par la justice suite à une action du Centre culturel confirme qu’on doit payer mais qu’on ne peut pas exercer notre pouvoir, que dis-je, notre devoir de contrôle. Il y a un problème : ce modèle de la fin des années 1960 est obsolète » dit encore le Bourgmestre.
Pourtant, le contrôle est assuré par les représentants de son groupe politique, majoritaires au sein du Conseil d’administration du Centre culturel depuis 1982, soit depuis 30 ans sur les 50 d’existence du Centre culturel. Quel désaveu de tous les mandataires du groupe politique du Bourgmestre qui se sont succédés au Conseil d’administration !
Un soutien formidable, une cyber-guerilla
Le Centre culturel et son équipe, victimes de la décision communale, reçoivent ces derniers jours des centaines de témoignages spontanés de solidarité et de soutien aux précieuses missions culturelles qu’ils assument brillamment. Le buzz court dans tous les cercles de la vie brainoise et au-delà.
Et que font les membres de la majorité ? Des répliques sur le mode « vérité alternative » à partir de vrais-faux profils officiels et de profils individuels créés pour l’occasion : mais qui paie cette propagande et cette multiplication de « trolls » qui relèvent d’une peu reluisante cyber-guerilla ?
Politique et culture ne font pas bon ménage
Nous, Ecolos, Intérêts Brainois, PluS, partis de la minorité défendons une vision partagée, ouverte et participative de la culture, au service d’une variété de publics, dans un éventail de formes d’animation et de propositions qui réjouissent, émeuvent et font réfléchir les citoyens.
Avec le sabordage du Centre culturel de Braine-l’Alleud et de son équipe, c’est cette vision qui est condamnée par une décision qui reste celle d’un seul homme, désormais fort éloigné de la possibilité de dialogue après vingt ans d’exercice ininterrompu du pouvoir.
Plusieurs initiatives de la majorité ont sérieusement mis à mal la sérénité dans laquelle le Centre culturel espérait pouvoir travailler après les péripéties qui ont émaillé l’année 2021.
Par la récente publication d’une offre d’emploi pour le recrutement « d’un responsable et de collaborateurs pour son service culturel », le Collège dévoile ses intentions qu’il masquait jusque-là au mépris de la transparence démocratique.
L’opposition Ecolo-Intérêts Brainois-PluS dénonce ces manœuvres d’inspiration politicienne et exprime son soutien à une culture de qualité, accessible à tous, ancrée dans le tissu associatif local telle que brillamment portée et défendue depuis 50 ans par le Centre culturel de Braine-l’Alleud.
Le 14 janvier 2022, l’Administration communale met en ligne sur son site internet une offre d’emploi pour le recrutement « d’un responsable et de collaborateurs pour son service culturel ».
Présenté moins d’un mois avant, le 20 décembre 2021, le budget communal 2022 ne faisait pourtant état d’aucune intention de création d’un service culturel communal ni d’engagement de personnel pour un tel service (le plan d’embauche, annexe obligatoire du budget, est muet à ce sujet).
Lors du Conseil communal, l’Echevine de la culture avait même refusé de répondre à une question de Corentin Roulin (Ecolo) à propos d’une mention troublante dans l’annexe « Subsides » du budget : le libellé « Centre Culturel » avait été remplacé par la mention « Activité culturelle » pour le subside de plus de 200.000€ qui serait désormais alloué sur la base d’une « Répartition » et non plus d’un « Rapport d’activités ».
L’opposition Ecolo-Intérêts Brainois-PluS dénonce ce refus de répondre qui dénote d’un mépris total pour la transparence et pour la courtoisie politique alors que l’examen du budget communal est un moment-clé de la vie en démocratie. Une attitude scandaleuse que l’opposition a choisi de dénoncer ce jour-là en ne siégeant pas à la séance en huis-clos. Huis-clos dans lequel le Collège demandait l’autorisation de pouvoir déposer auprès d’un juge d’instruction un dossier de plainte contre le Centre culturel.
L’offre d’emploi communale sort donc de nulle part et annonce un projet flou, citant tous les services communaux (les écoles d’enseignement fondamental, l’école des Arts, l’académie de Musique, la Bibliothèque/Ludothèque et la Maison des Associations) qui devront collaborer à une initiative totalement redondante avec le travail réalisé par le Centre culturel existant. Détail révélateur (ou provocateur une fois de plus), en omettant de citer le Centre culturel dans l’annonce, c’est comme si celui-ci n’existait déjà plus.
Une omission d’autant plus significative que la Commune est liée par un contrat-programme avec le Centre culturel, qu’elle a signé et par lequel elle s’est engagée à un subside annuel de plus de 200.000€, permettant une subvention équivalente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, contrat qui produira ses effets jusqu’en 2025.
Cet engagement est d’ailleurs une obligation, ceci a été rappelé en termes très nets à la Commune par le Juge du Tribunal de Première Instance de Nivelles à l’occasion d’une action en référé que le Centre culturel avait introduite pour le paiement de ce subside annuel en 2021. Cette action avait été initiée tellement la Commune soufflait le chaud et le froid depuis des mois au sujet de ce paiement. Double discours permanent du Collège qui a d’ailleurs été durement pointé dans le jugement du 14 décembre 2021.
La Commune est-elle décidée à faire une croix sur plus de 200.000€ de subsides de la Fédération Wallonie-Bruxelles et à saborder l’un des Centres culturels de premier plan du Brabant wallon ?
On peut se poser la question et mettre en doute la bonne gestion de cette matière quand on sait que par ailleurs les représentants de la majorité au Conseil d’Administration du Centre culturel, dont l’Echevine de la culture est vice-présidente de droit, pratiquent désormais la politique… de la chaise vide dans cette instance !
Tout se passe comme si la majorité communale poursuivait en fait un but parfaitement politicien. Après avoir honteusement mis fin au mandat de l’ancienne directrice suite à des pseudo-révélations manifestement motivées par une intention de nuire, après avoir tenté de faire croire que l’audit commandité à la suite de cet épisode contenait des éléments « troublants » (ce qui a été démenti point par point par le Conseil d’administration rejoint par la Fédération Wallonie-Bruxelles elle-même qui n’y a rien vu à redire), après avoir évoqué son souhait de changer les statuts de l’asbl Centre culturel sans jamais rien proposer de concret, après avoir fait lanterner toute l’équipe du Centre culturel quant au financement, laissant planer un doute délétère sur l’avenir professionnel des employés par ailleurs obligés de jongler avec mille contraintes, notamment sanitaires, après toutes ces péripéties, tout se passe comme si la majorité avançait dans son vrai projet : assujettir la culture au politique.
Nous, partis de l’opposition démocratique, Ecolo, Intérêts Brainois, PluS, dénonçons et cette manière de gérer et ce que serait un tel projet.
Si un « service communal » de la culture est un instrument au service des seuls desiderata des hommes et femmes politiques au pouvoir à un moment donné, alors nous défendons une toute autre vision de la culture, parfaitement incarnée par le fonctionnement des Centres culturels reconnus par le Décret de la Fédération Wallonie-Bruxelles : pour une culture de qualité, indépendante, ancrée dans le tissu associatif local, ouverte à tous les publics, au service des habitants, pour leur plaisir et pour leur épanouissement en tant que citoyens.
Nous dénonçons également le projet qui consisterait à saborder le Centre culturel de Braine-l’Alleud qui, en 50 ans, a été exemplaire dans son développement, sa gestion, ses activités et sa contribution à l’esprit de notre commune dans ce qu’il a de plus convivial, festif, associatif et socialement engagé.
Les intentions du Collège communal doivent dorénavant être clarifiées. Ce sujet mérite un débat public transparent et honnête.
Ce service culturel communal et le Centre culturel seraient-ils appelés à co-exister ? La création de ce service culturel communal signifie-t-il la non-reconduction du Contrat Programme entre la Commune et le Centre culturel au-delà de 2025 ?
Autant de questions actuellement sans réponses que nos groupes politiques porteront lors du Conseil communal prévu le lundi 31 janvier prochain.